La création collective d’un spectacle par Le Ventre

Choisir un thème :
Trouver un sujet qui répond à une urgence de réflexion. Quelque chose dans l’air du temps à mettre sur le feu, à cuisiner et que le Ventre va digérer pour créer un spectacle viscéral.

Réunir des acteurs :
Une fois le thème choisi, il faut trouver des acteurs prêts à mastiquer le sujet.
Le Ventre part à la recherche de quiconque a une furieuse envie de jouer et de se confronter à l’autre.
Tout le monde est le bienvenu. La bouche s’ouvre en grand, la langue est notre tapis rouge. On se rencontre, on prend le temps.

Vivre des expériences :
Pour mener notre réflexion, bien sûr on se creuse les méninges, mais là n’est pas le cœur de notre démarche.
On veut faire en sorte de nous remuer les tripes. Que les questionnements nous prennent au corps. Pour cela, on réfléchit à des expériences que nous pourrions vivre tous ensemble pour bousculer notre pensée autour du sujet choisi. Sortir des a priori et des concepts intellectuels remâchés pour aller découvrir ce qui se cache en dessous, plus profond, plus naïvement, ancré dans le réel et dans le vécu des sensations.
L’année passée, le thème choisi était "le travail". Les confinements avaient requestionnés sa place dans nos vies, lui qui occupe souvent la majorité de notre temps. En nous confrontant aux récits des vécus de chacun, nous nous sommes vite rendu compte que le véritable sujet à traiter était "l’arrêt". Qu’est-ce que si passe quand on s’arrête ? S’arrêter de quoi d’ailleurs ?
Il fallait l’expérimenter. D’abord on s’est retrouvé plusieurs fois à l’air libre pour ne rien faire tous ensemble mais vraiment rien du tout. Découvrir ce qui se passe dans notre tête, notre corps, entre nous. Et il s’en passe des choses quand on fait rien, ça nous échappe…
Ensuite on a voulu réitérer l’expérience dans un espace public où l’usage est d’être actif.
On est allé au rayon fruits et légumes d’un grand supermarché et de nouveau on s’est arrêté. Au bout de seulement une demi heure : Le vigile. On a discuté, c’était profond. On est resté encore un peu… on faisait rien…
De ces moments hors du temps, la matière pour le spectacle à coulé doucement, en cascade.

L’écriture de la pièce :
Là encore on se retrouve avec tous les acteurs. On fait des exercices d’écritures qui mettent en lien nos inconscients les uns avec les autres. On se raconte nos récits de vie, on retranscrit aussi ce que l’on a vécu au cours des expériences. On met tout ça en connexion, en écho.
On ressort de tout cela avec des enregistrements, des textes, de nouveaux exercices. On relit, on réécoute, on laisse digérer et puis on se parle encore, on réécrit.
On a alors tout ce qu’il faut pour créer un spectacle issu d’une intelligence collective. La dramaturgie de la pièce se finalise en équipe réduite et on a plus qu’a se mettre à répéter.

La mise en scène et les représentations :
Un planning est organisé en prenant en compte  au maximum les contingences des acteurs qui ont une vie professionnelle autre.
On travaille intensément en jouant. On est une troupe, les liens qui se tissent sont forts, on se découvre encore différemment.
On prend un grand plaisir à mettre en espace, en son et en corps, nos trouvailles pour les partager avec qui voudra venir nous voir.
On cherche la contagion du bonheur de respirer et de vibrer ensemble.
On ne cherche surtout pas à avoir raison mais à douter de ce que l’on croit savoir pour envisager des lendemains surprenants, différents. Nos aspirations sont grandes, nos fragilités et nos maladresses aussi et on les partage lors de quelques représentations.